Le Candi Sukuh est un temple construit au XVème siècle. Il se trouve sur la partie Nord-Ouest du mont de Lawu. Sis à une altitude de 910 mètres, il est localisé à la limite des régions de Java oriental et central, en Indonésie. Le Candi Sukuh est l’un des temples de Java de la fin de l’époque classique découverts à ce jour, avec le temple de Cetho.
Un temple baroque à Java
Avec son apparence singulière et sa similarité à la pyramide maya, le Candi Sukuh continue d’envouter, d’abasourdir et de détonner, tant l’on est surpris en arrivant sur cet endroit singulièrement calme, sis au cœur d’une campagne à Java. Délicatement juché sur un sommet à 910 mètres d’altitude, loge du XVe siècle, Candi (temple) Sukuh se trouve à côté du Mont Lawu (3265 mètres), sur l’îlot javanais. Il s’agit d’un temple baroque, aussi sacré qu’érotique, dans le plus pur folklore hindoue-javanais de la fin de l’époque dite classique.
Si depuis bien longtemps, sur le plan mystique, l’endroit tout entier est passé aux mains de l’islam, il demeure que Sukuh éprouve continûment des pénitents hindous (des Balinais en majorité) – voire dans une moindre mesure des natifs restés liés aux croyances animistes – qui continuent à diriger cet endroit sacré comme un lieu de culte.
Un temple à l’histoire tourmentée et énigmatique
Le temple Sukuh a été bâtit en 1437, en pleine époque de trouble dans l’histoire du royaume Majapahit, alors déjà en voie de ruine. « Sukuh » veud dire « attaque/marche vers la victoire », une perception qui devait ainsi incontestablement s’adresser aux membres de l’autorité à Majapahit, à l’époque. L’horodatage a pu être établi grâce à une épigraphe sur l’un des accès conservés sur le site : l’an 1359 (calendrier Saka) est cité, celui-ci correspond à l’an 1437 du calendrier grégorien. Le temple Sukuh est l’un des temples hindous-javanais traçant cette partie de l’îlot en cette période cruciale, devançant la domination des armées musulmanes qui sera patente dès le début du XVIe siècle. Trois endroits sacrés constituent en réalité une véritable chapelle réunie en un « triangle cosmique » : Candi Menggung, Candi Ceto et Candi Sukuh.
Thanatos et Eros en mode tantrique
Candi Sukuh représentait à Java Centre une « loge » du shivaïsme tantrique en vigueur dans l’espace officiel hindou-javanais de l’époque. A cela s’ajoute semble-t-il le chamanisme de l’île, le tout constituant un mélange spirituel qui développerait mieux les unions sexuelles sacralisées ainsi que les rites de fertilité. A ce titre, Bhima (médiateur), avisé entre le peuple et Shiva, est celui par qui s’accélère le culte de la fertilité. C’est lui, en effet, qui est désigné par Shiva pour recevoir l’eau vénérable, gage de perpétuité. L’enfantement de la vie dans le cycle cosmique et éternel, c’est encore lui ! De ce fait, un aspect d’érotisme commun s’est, sans nul doute, lové sinon parfaitement mélangé avec le tantrisme shivaïte.